Nouveau contexte, nouveau président

Jean-Claude Lefort a été élu à la tête de l’Association France-Palestine solidarité.

Denis Sieffert  • 21 mai 2009 abonné·es

L’Association France-Palestine solidarité (AFPS), qui tenait son congrès ce week-end à la Bourse du travail de Saint-Denis, s’est donné un nouveau président, Jean-Claude Lefort, qui succède à Bernard Ravenel, qui occupait cette fonction depuis neuf ans. Ancien député communiste, Jean-Claude Lefort est bien connu des militants de l’association, notamment comme organisateur de la campagne pour la libération du jeune Franco-Palestinien Salah Hammouri, arbitrairement détenu dans une prison israélienne, et longtemps « oublié » par les autorités françaises (les choses changent un peu ces dernières semaines, en partie). C’est une association finalement bien portante que l’ancien président transmet à son successeur. Quelque trois mille adhérents étaient représentés à Saint-Denis par 138 délégués issus de 74 comités locaux, tous très actifs. Soit environ 300 militants présents qui ont accueilli Hind Khoury, Déléguée générale de Palestine en France, et le militant des droits de l’homme à Gaza Raji Sourani. Le mérite n’est pas mince car la période qui s’achève, qui correspond à l’ère Bush et aux conséquences de l’échec du sommet de Camp David, en juillet 2000, a été celle de toutes les impasses, de toutes les répressions
– en témoigne encore la récente et sanglante offensive israélienne contre Gaza, en décembre et janvier derniers – et, disons-le, de tous les ­désespoirs. Elle a également été marquée par la spectaculaire montée du Hamas, qui a modifié le paysage politique palestinien et, parfois, semé le trouble chez des militants français.

Au sortir de ce long tunnel, Bernard Ravenel a pu, dans son rapport d’orientation, souligner le «  consensus retrouvé » au sein de l’AFPS et la « dignité des débats ». Le président sortant a longuement analysé les éléments nouveaux de la situation, parfois contradictoires, notamment l’extrême droitisation du gouvernement israélien et le retour dans le discours officiel de l’idée de transfert des populations palestiniennes, mais aussi les signes encourageants qui nous viennent de Washington à la suite de l’élection de Barack Obama. Dans ce nouveau contexte, Bernard Ravenel a insisté sur le « caractère central » de la bataille pour la rupture des accords d’association entre l’Union européenne et Israël dans la mesure où ce pays ne respecte pas l’une des clauses essentielles de l’accord qui se réfère aux droits de l’homme.

Cette action menée en direction des institutions européennes et du gouvernement français correspond à la volonté de l’Association de conserver un caractère politique à la bataille pour obtenir des sanctions internationales contre Israël. Un premier point a été marqué récemment avec le vote du Parlement européen s’opposant au « rehaussement » de ces accords. À cet égard, Bernard Ravenel a mis en garde contre des actions de boycott qui pourraient être ressenties comme trop individuelles et agressives à l’encontre de nos concitoyens. Il a souhaité que ces actions soient toujours dominées par un souci de pédagogie qui « permette d’aboutir au boycott des produits israéliens, au désinvestissement des sociétés françaises (on pense notamment à Veolia et Alstom, engagées dans la construction d’un tramway reliant les colonies à Jérusalem) et à des sanctions ».

En attendant, l’AFPS entend utiliser toutes les occasions pour mobiliser autour de la cause palestinienne. C’est ainsi qu’elle adresse ces jours-ci un mémorandum aux têtes de listes aux élections européennes, et fera évidemment connaître leurs réponses, qui peuvent constituer un élément du choix des électeurs.

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