« The Hunter », de Rafi Pitts : Chasse à l’homme

The Hunter, un film métaphorique
de l’Iranien Rafi Pitts.

Christophe Kantcheff  • 17 février 2011 abonné·es

Après avoir connu la prison, Ali a retrouvé sa femme et a eu une petite fille. Mais sa réinsertion n’est pas facilitée. Il doit accepter un travail de nuit. Qu’à cela ne tienne. La petite famille vit des jours heureux. Jusqu’au drame : prises dans un affrontement entre manifestants et policiers dans les rues de Téhéran, sa femme et sa fille sont tuées.

Le titre de ce quatrième long métrage de fiction de l’Iranien Rafi Pitts, The Hunter (le Chasseur) , prend tout son sens à partir de ce moment où le film bascule, même si on a vu précédemment Ali chasser en forêt et en solitaire. Il faut entendre dans ce mot de « chasseur » l’existence d’un tireur et d’une proie, mais aussi quelque chose de plus métaphorique, et de plus essentiel, où le cinéaste s’engage dans une réflexion à partir de figures archétypales quasi philosophiques, qui appartiennent davantage au cinéma occidental (mais pourquoi pas ?) : la vengeance, le libre arbitre, le sens (ou non) de l’existence.

Car après avoir décidé de tirer au hasard sur une voiture de police et d’en tuer les occupants, Ali se retrouve en fuite puis entre deux flics qui divergent sur le sort qu’ils doivent lui réserver. Si, entre bourreaux et victimes, barbarie et respect des droits de l’homme, se dessine en pointillé une lecture de l’Iran d’aujourd’hui, le film prend aussi une dimension universelle. Dommage que cette volonté signifiante soit parfois trop marquée, comme l’est, surtout au début, l’intention de faire de belles images. Des réserves qui ne retirent rien au fait que The Hunter ne laisse certainement pas indifférent.

Culture
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