Lu, vu, entendu

Politis  • 26 mai 2011
Partager :

LU

On savait que Roland Dumas avait mal tourné. Le très long entretien (4 pages !) que l’ancien ministre des Affaires étrangères de Mitterrand a donné à Flash (19 mai), un quinzomadaire d’extrême droite bien trash qu’il juge « sérieux », en fournit une énième illustration. Jean-Marie Le Pen ? « C’est un radical-socialiste dévoyé à droite. Il a dérapé sur les fours crématoires, mais tout le monde dit des bêtises. » Et M. Dumas le premier, puisque les propos réitérés du fondateur du FN ramenant la Shoah et les chambres à gaz à un « détail de l’histoire » de la Seconde Guerre mondiale n’ont rien d’un « dérapage ». Sa fille Marine ? « Elle a de l’envergure et elle est intellectuellement beaucoup mieux armée qu’on ne croit » , assure-t-il en racontant l’avoir rencontrée « lors d’un déjeuner chez des amis communs » . Revisitant l’histoire politique française et quelques grands épisodes internationaux, l’avocat « socialiste et patriote » , comme il se définit, confie ne pas croire « à la version officielle » du 11 Septembre, « pas plus qu’à la thèse de “l’inside job” » . Un vieux monsieur indigne…

VU

Une caméra subjective qui retrace le samedi new-yorkais de DSK, filmant le check-in et le check-out du Sofitel, la prise d’un taxi, puis les images de DSK entravé, dégradé, menotté passant en boucle, une petite musique lancinante et débile par-dessus ces images. Sous couvert de pédagogie, avec « l’Affaire DSK », jeudi 19 mai, sur France 2, jouant avec la comparution en direct du patron du FMI, David Pujadas s’est livré à un véritable exercice de sensationnel (voire putassier), digne de « Faites entrer l’accusé » de Christophe Hondelatte. Avec des airs de télé-réalité, des airs confirmés, toujours en direct, par le juge américain imposant à DSK une liberté sous la haute surveillance de caméras. Façon Loft Story.

ENTENDU

Invité lundi de la matinale de France Inter, François Hollande a été mis en grande difficulté à propos de la candidature de Christine Lagarde à la direction du FMI. Les socialistes doivent-ils soutenir une candidature de droite parce qu’elle est française ? « Comment voulez-vous qu’une Europe de droite désigne un directeur du FMI de gauche ? » , a-t-il répliqué. Aurait-il déjà oublié DSK ? L’Europe de 2007 n’était pourtant pas moins «  de droite » que celle de 2011. Conscient de sa gaffe, Hollande a bien tenté ensuite un rétablissement acrobatique. En vain. Mais peut-être a-t-il répondu inconsciemment à une autre question qui ne lui a pas été posée : peut-on être de gauche et directeur du FMI ?

Les échos
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don