Grand projet Lyon-Turin : La lettre de Michèle Rivasi à Jean-Marc Ayrault

Dans une lettre adressée à Jean-Marc Ayrault, la députée européenne EELV Michèle Rivasi met en cause le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin.

Thierry Brun  • 13 décembre 2013 abonné·es

Illustration - Grand projet Lyon-Turin : La lettre de Michèle Rivasi à Jean-Marc Ayrault


Michèle Rivasi, député européenne EELV, a annoncé s’être associée au recours engagé contre la déclaration d’utilité publique du projet ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin, déposé notamment par les syndicats agricoles, des associations environnementales et plusieurs communes, qui demandent l’annulation du décret du 23 août relatif au projet de construction de la nouvelle liaison ferroviaire.

Dans une lettre ouverte adressée à Jean-Marc Ayrault, la députée européenne sortante , qui s’est présentée à la candidature pour les élections européennes dans le Sud-Est et saura ce week-end si elle est désignée par son parti, met en avant les graves irrégularités révélées dans le recours adressé au Premier ministre le 23 octobre.

« La justification de l’utilité publique de cet énorme projet n’est ni sérieuse ni réelle » , écrit Michèle Rivasi, qui note que « le report modal sur le rail n’est pas réellement une priorité des pouvoirs publics depuis des années puisque sa part baisse constamment » .

La « justification liée au trafic passager sur une ligne partiellement à grande vitesse n’est pas sérieuse , poursuit la députée écologiste. En effet, la durée totale d’un trajet Milan-Paris serait d’au moins 4 h 45 (avec les arrêts intermédiaires), ce qui n’est malheureusement pas compétitif face à l’avion en tarif et en temps » .

« Ce projet connaît une dérive financière majeure, comme la Cour des comptes l’a sévèrement pointé dans son référé du 1er août 2012, avec un “pilotage qui ne répond pas aux exigences de rigueur nécessaires dans la conduite d’un projet d’infrastructure de cette ampleur et de cette complexité”. »

La lettre ouverte de Michèle Rivasi adressée à Jean-Marc Ayrault

L’hebdomadaire Politis a révélé depuis plusieurs mois ces graves irrégularités  (lire ici) et a souligné la faiblesse des arguments avancés pour justifier un projet pharaonique dont le coût global est passé de 12 à plus de 26 milliards d’euros, selon les données communiquées par la direction générale du Trésor, ainsi que par la Cour des comptes.

Nous avons révélé dès le 4 octobre les soupçons de conflits d’intérêt dans une enquête publique (lire ici).

Nous avons aussi révélé le contenu d’un courrier écrit par Pierre Dufour, vice-président du tribunal administratif de Grenoble, qui a pris parti pour le président d’une commission d’enquête publique contestée par les opposants au projet (lire ici).

Ce projet a été classé comme non prioritaire par le rapport de la commission « Mobilité 21 »  (lire ici), intitulé « Pour un schéma national de mobilité durable », rendu public en juin. Une des membres de la commission, Eva Sas, députée EELV, a indiqué que les écologistes partageaient « trois des principales conclusions essentielles » du rapport, notamment « l’incompatibilité des projets Lyon-Turin et Canal Seine-Nord avec la réalisation d’autres projets compte tenu des disponibilités financières » .

Société
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