Ukraine : La crise atteint les sommets de l’État

Alors que la mobilisation ne faiblit pas, la majorité montre des signes de division.

Véronique Descloitres  • 12 décembre 2013 abonné·es

ÀKiev, le doute s’insinue jusque dans les allées du pouvoir. La rencontre, le 6 décembre, entre le Président ukrainien Viktor Ianoukovitch et Vladimir Poutine, en vue d’un « partenariat stratégique » des deux pays, a non seulement renforcé la tension dans la rue, mais a semé le trouble au sein de la classe dirigeante.

Les oligarques, habituellement dans l’ombre du clan présidentiel, ont commencé à prendre leurs distances avec le pouvoir. Certains ont publiquement pris parti pour les pro-Européens, et ceux qui contrôlent les chaînes de télévision ont diffusé les images de la répression policière contre les manifestants. L’analyste politique Taras Berezovets interprète ce geste comme « un avertissement ou un défi », lancé au clan Ianoukovitch, de la part de personnalités qui avaient jusqu’ici toujours été soumises au pouvoir. Des divisions sont visibles au sein même du parti présidentiel et de la majorité parlementaire. Selon la députée Inna Bogoslovska, « 90 % des députés en veulent au pouvoir et se sentent humiliés ».

Si, au sommet, la crise politique s’amplifie, l’impasse reste totale dans la rue. D’abord parce que ce sont deux Ukraine qui s’affrontent, l’une libérale et occidentalisée, l’autre rurale et commerçante qui ne veut pas lâcher la proie d’un partenariat traditionnel avec le grand voisin russe pour l’ombre européenne. Ces derniers sont d’autant plus convaincus que l’Union européenne se montre elle-même peu enthousiaste pour accueillir et aider leur pays. À l’image du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui se contente de rappeler « la nécessité de trouver une solution politique aux tensions en Ukraine en instaurant un dialogue avec l’opposition et la société civile ». Les responsables européens ont bien jugé « inacceptables » les pressions exercées par la Russie sur l’Ukraine, mais ils n’ont guère manifesté d’ardeur pour convaincre ceux des Ukrainiens qui sont opposés au rapprochement avec l’Europe. La crise économique n’est évidemment pas étrangère à cette attitude. Le durcissement de la répression le 10 décembre, à la veille de la venue de Catherine Ashton, a sans aucun doute embarrassée un peu plus l’Union européenne.

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