Ukraine : La folle surenchère

Poutine poursuit son offensive sur l’est du pays, tandis que l’Otan menace.

Denis Sieffert  • 4 septembre 2014 abonné·es

En quelques jours, les masques sont tombés. Il est aujourd’hui évident que la Russie intervient directement dans l’est de l’Ukraine, avec ses chars et ses troupes. C’est l’explication de la déroute de l’armée ukrainienne qui a dû céder aux séparatistes, lundi, l’aéroport stratégique de Lougansk. L’armée de Kiev a dû également abandonner une vaste zone entre le fief séparatiste de Donetsk et le port de Marioupol, au sud. Traduisant sur un plan politique les avancées de ses troupes, Vladimir Poutine a évoqué la possibilité de prévoir un « statut étatique » de la région est de l’Ukraine. Autrement dit, son rattachement plus ou moins rapide à la Russie. En Russie même, cet engagement militaire, toujours officiellement nié, crée des remous. Un mouvement de femmes de soldats portés disparus, ou dont les corps ont été rapatriés, fait entendre sa voix.

Mais les masques tombent aussi du côté occidental. Pas tant du côté européen, où les menaces de nouvelles sanctions économiques contre la Russie n’ont guère d’effets sur Vladimir Poutine, que du côté de l’Otan. Car on a bien là l’origine du conflit. En dehors d’évidentes considérations de politique intérieure, c’est la crainte de voir l’Otan se rapprocher des frontières russes qui a poussé le Président russe à agir militairement. Une crainte que le « camp occidental » aggrave par de nouvelles menaces. Le sommet de l’Alliance atlantique, qui se tient jeudi et vendredi, aura à son ordre du jour un plan dit « de réactivité » (Readness Action Plan, « RAP »). Des milliers de soldats des armées de l’air, de terre et de la marine, appuyés par des forces spéciales, pourront être déployés en quelques jours « dans l’est de l’Europe », a menacé le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen. Une menace qui alimente évidemment le bellicisme de Vladimir Poutine. La situation actuelle dans l’est de l’Ukraine renvoie en vérité à un problème plus ancien et plus vaste : l’existence même de l’Otan, qui avait vocation à disparaître après la disparition de l’Union soviétique. L’Otan d’un côté, qui doit justifier son existence, et de l’autre côté un Président russe qui renforce son pouvoir, jouant sur la fibre nationaliste, voilà qui produit une situation explosive dont nul ne peut prévoir les conséquences.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes