« Jusqu’à la garde », de Xavier Legrand : Rien que du bruit

Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand, met en scène un divorce qui tourne mal.

Christophe Kantcheff  • 7 février 2018 abonné·es
« Jusqu’à la garde », de Xavier Legrand : Rien que du bruit
© photo : Unifrance

Les trompettes médiatiques résonnent à tout rompre, qui impressionnent autant que les prix obtenus à la dernière Mostra de Venise : Lion d’argent de la mise en scène et Lion du futur de la première œuvre. On attendait donc beaucoup de Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand. Mais, dès la première scène, des doutes se lèvent.

Un couple en instance de divorce, Antoine (Denis Ménochet) et Miriam (Léa Drucker), chacun étant accompagné de son avocat, est reçu par une juge (Saadia Bentaïeb) au sujet de la garde des enfants – plus particulièrement de leur garçon mineur, Julien (Thomas Gioria). Tour à tour, chacun s’explique, notamment sur le comportement violent que la mère reproche au père. Le visage de Miriam est tendu, livide, tandis qu’Antoine repousse les accusations de manière bourrue. D’emblée, deux certitudes : le père est le méchant – vraiment méchant – de l’histoire ; cette première scène, étirée à coups de plans séquences, a tout de la performance « auteuriste ». La suite confirmera.

Voilà Jusqu’à la garde sur ses rails, dont il ne sortira pas, tant du point de vue de l’intrigue que de la mise en scène. Reste au cinéaste à faire monter la pression. Il suffit d’augmenter d’un cran, séquence après séquence, la violence d’Antoine sur sa femme et son fils. Jusqu’au bouquet final, avec lourde référence au Shining de Kubrick.

Xavier Legrand prend son spectateur au piège d’une émotion asphyxiante, essorante. Tout est cadré, programmé, calibré, y compris la longueur des plans. Le film ne se risque pas à rester à hauteur de l’enfant pour ressentir son désarroi, sa souffrance intérieure. Dommage. Ici, tout est démonstratif et tapageur. Jusqu’à la garde est un prétentieux coup de massue qu’on n’a pas forcément envie de recevoir.

Jusqu’à la garde Xavier Legrand, 1 h 33.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes