Expulsions à Notre-Dame-des-Landes

Cinq cents gendarmes ont investi, vendredi 23 novembre à 6h30, les terrains occupés de Notre-Dame-des-Landes pour procéder à des évacuations. Les militants prévoient de « réinvestir les lieux ».

Lena Bjurström  • 23 novembre 2012
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Expulsions à Notre-Dame-des-Landes
© Photo : AFP / Frank Perry

Une « importante opération » d’évacuation des opposants au projet d’aéroport a été menée à Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique ce vendredi 23 novembre. Moins d’une semaine après la manifestation de réoccupation qui avait rassemblé près de 40 000 personnes, ce sont environ 500 gendarmes qui ont débarqué à 6h30 sur la Zone d’aménagement différé, rebaptisée Zone à défendre, afin de procéder à l’expulsion des « squatteurs » et à la saisie du matériel de reconstruction.

«Déconstruction»

Il s’agit de « permettre à l’Aéroport du Grand-Ouest de prendre ou reprendre possession des lieux et d’engager immédiatement des travaux de « déconstruction » partout où cela sera légalement possible » , a expliqué le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre-Henry Brandet, présent sur place. Sont visées la Châtaignerie, les cabanes du bois de Rohanne, et la ferme de Rosier, premier lieu d’occupation, en instance d’expulsion depuis le 15 novembre dernier. Cette dernière, entièrement barricadée et entourée de tracteurs, est désormais encerclée par les gendarmes et devrait être détruite dans la journée.

Selon « Camille », occupant de la ZAD, les gendarmes se seraient également rendus sur la lande de Rohanne, où de petits chalets ont été construits tout au long de la semaine. Léger problème, ces « lieux de réoccupation » sont situés sur un terrain privé qui n’est pas (encore) expulsable, les recours en justice n’ayant pas été épuisés.

Peu importe, la « force reste à la loi » estime le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, sur i>TELE. Ou peut-être est-ce « la force qui répond » à la manifestation de samedi dernier, comme le suggère le porte-parole d’Europe Ecologie-Les Verts, Jean-Philippe Magnen.

Pour Camille, il s’agit clairement d’une réponse au rassemblement du week-end passé, et une opération commanditée en haut-lieu. « La présence du porte-parole du ministère de l’Intérieur démontre l’implication du gouvernement dans les expulsions de ce matin. »

Les gendarmes mobiles investissent la ZAD, le 23 novembre. - AFP / Frank Perry

Résistance

Tandis qu’un peu partout en France, les comités de soutien aux opposants appellent à des rassemblements dans la journée, pelleteuses et camions-bennes s’acheminent vers la ZAD où quelques personnes sont encore perchées dans les arbres, d’après le fil d’information du site des « zadistes ».

Sur la D81, des tracteurs de l’Acipa tentent de bloquer le passage vers la forêt. Une résistance peut-être plus symbolique qu’efficace au regard de l’importance des forces de l’ordre dépêchées sur place. En attendant, la plupart des opposants prennent leur mal en patience. « Les gendarmes ne sont jamais restés sur la zone plus de vingt-quatre heures , explique Camille, ils seront donc probablement partis à la tombée de la nuit et nous réinvestirons les lieux. » En attendant une nouvelle expulsion. « Nous assumons le risque de se voir déloger tous les matins, ajoute l’opposant, il ne faut pas lâcher. »

Écologie
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