La Bulgarie, piège de l’Union européenne
Face aux exilés, le pays mise sur une forte surveillance aux frontières et un système de rétention arbitraire et violent. Témoignages.
dans l’hebdo N° 1498 Acheter ce numéro

Quelques jours avant son vol prévu pour la Bulgarie, Nassim, un Afghan de 21 ans, a fait une tentative de suicide au centre de rétention de Vincennes. Deux autres hommes se sont évadés en janvier, de peur d’un renvoi vers Sofia. La Bulgarie est en première ligne du règlement Dublin, en vertu duquel le premier pays dans lequel l’exilé laisse ses empreintes digitales est responsable de sa demande d’asile. Or, la Bulgarie est la porte d’entrée de l’Union européenne (UE) pour les personnes migrantes qui suivent la « route du pauvre », celle qui évite le passage par la Méditerranée.
En 2017, 446 candidats à l’asile ont ainsi été renvoyés en Bulgarie par des pays de l’UE, selon un rapport d’Asylum Information Database. La France fait partie de ceux qui expulsent le plus, avec l’Allemagne et l’Autriche. Chloé Guerber-Cahuzac, Florence Smidt-Nielsen et Lydie, trois citoyennes militantes, ont recueilli les témoignages d’exilés afghans passés par ce pays, pilier d’une Europe forteresse. Tous dépeignent la frontière entre la Turquie et la Bulgarie comme le théâtre de violations du droit d’asile. Des push back, soit des refoulements immédiats, ont lieu, comme en témoigne Jan Guhl, resté trois mois en Bulgarie en 2016 : « Les policiers nous ont pris notre argent et nos chaussures puis nous ont dit de repartir en Turquie. Ils ont aussi pris tous nos vêtements, sauf nos sous-vêtements. Il faisait froid. Ils nous ont laissés à la frontière turque. »
La Bulgarie, en tant que membre de l’Union européenne, se doit pourtant d’orienter les arrivants vers