Trump 2024 : et bonne année !

Le « loser de 2020 », a écrasé la concurrence lors de la primaire républicaine de l’Iowa.  Préparons-nous, hélas, à ce que cette nouvelle année soit celle de la déferlante Trump, lequel défie les lois non écrites de la démocratie états-unienne.

Patrick Piro  • 16 janvier 2024
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Trump 2024 : et bonne année !
© Jon Tyson / Unsplash

Trois ans, c’est bien court. C’est la maigre durée durant laquelle il nous a été accordé de bénéficier d’un Trump en sourdine. Mais là c’est terminé. Le mammouth est de retour, avec grosse caisse et amplificateur. Lundi, les Républicains votaient lors du « caucus » de l’État de l’Iowa, première étape des primaires qui désigneront leur candidat pour la présidentielle états-unienne (le 5 novembre). Le résultat est anecdotique, tant Trump écrase la concurrence républicaine.

Le « loser » de 2020 a fait mieux que surnager, par la simple magie du déni de sa défaite face à Biden.

Son opposition, principalement représentée par Nikki Haley et Ron DeSantis, semble avoir déjà pleinement intériorisé sa fonction de faire-valoir, tant ces deux-là calculent leurs coups à l’endroit de l’ex-président. Un Trump qui défie les lois non écrites de la démocratie états-unienne. Dans un pays où les oubliettes de la politique engloutissent les perdants, le « loser » de 2020 a fait mieux que surnager, par la simple magie du déni de sa défaite face à Biden, qu’il n’a eu de cesse d’accuser de lui avoir « volé » sa réélection, ce dont il est parvenu à convaincre un peuple de fanatisé·es.

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Préparons-nous, hélas, à ce que l’année 2024 soit celle de la déferlante Trump. Par sa probable marche triomphante et stressante, de primaire en primaire républicaine. Par le décorum judiciaire qui risque bien de la rehausser, tant il est vérifié que les turpitudes de l’ex-président desservent d’abord celles et ceux qui en escomptent un affaiblissement. En 2016, Trump l’exprimait d’une de ces subtiles fanfaronnades dont il a la recette : « Je pourrais tirer sur quelqu’un que je ne perdrais pas d’électeurs. » D’ici à la fin du printemps, en pleine campagne électorale, Trump aura à répondre de ses actes devant la justice à quatre reprises.

Pour avoir emporté chez lui des documents « secret-défense », pour avoir acheté le silence d’une actrice pornographique à propos de leur liaison et, surtout, pour son rôle dans l’assaut du Capitole par des séditieux le 6 janvier 2021, lors de deux procès, en Géorgie et d’abord à Washington le 4 mars, la veille du Super Tuesday. Ce mardi culminant, au cours duquel 15 États parmi les plus importants de l’Union tiennent leurs primaires républicaine et démocrate, est généralement décisif pour départager les postulants de chacun des deux camps à l’investiture finale au scrutin présidentiel.

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Souvent baroque vue de loin, souvent irritante par la fascination qu’exerce l’ex-président sur certains médias, la série Trump, une fois de plus, sera surtout infligée au reste du monde par nécessité. Car nombre de mécaniques s’enrayent, tous les quatre ans, dans l’attente du verdict de la présidentielle aux États-Unis, en raison du poids économique et géopolitique du pays. Et l’on redoute particulièrement que Biden soit pris de frilosité sur deux des fronts qui auront marqué son mandat : l’Ukraine et Gaza. Aura-t-il le courage de tenir tête aux Républicains, majoritaires au Congrès, de plus en plus hostiles au maintien de l’aide à Kyiv ? Aura-t-il la décence de se rapprocher de son électorat de gauche, de plus en plus préoccupé par le terrible sort fait aux Palestinien·nes par l’armée israélienne ?

Il y a quelque chose de pathétique à imaginer un Biden usé comme unique rempart à un Trump aux accents crépusculaires.

Il y a quelque chose de pathétique à imaginer qu’un Biden usé, 82 ans en novembre prochain, néanmoins favori des primaires démocrates (il n’a pas démérité), soit l’unique rempart au retour d’un Trump aux accents crépusculaires, mû par un désir non de revanche mais bien de vengeance recuite. Biden, qui confessait, aveu de moralité, qu’il ne postulerait peut-être pas à sa réélection si Trump n’était pas candidat. Biden, qui est désormais devancé dans les sondages nationaux par son adversaire annoncé.

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Parti pris

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