« Islamo-gauchisme » : Un mot pour interdire le débat

Récemment, Politis, mais aussi Mediapart et même Jean-Luc Mélenchon ont encore fait les frais de cette insulte polie. D’urgence, il faut se remettre à réfléchir au vrai débat, celui de la place de l’islam dans notre société, en se fondant sur des données claires et incontestables.

Pauline Graulle  • 15 novembre 2017
Partager :
« Islamo-gauchisme » : Un mot pour interdire le débat
© photo : BOB DEWEL/ONLY FRANCE/AFP

Dans son savoureux manuel L’Art d’avoir toujours raison, le philosophe Arthur Schopenhauer conseille, au « stratagème n° 32 », d’utiliser « le principe de l’association dégradante » : « Lorsque l’on est confronté à une assertion de l’adversaire, écrit-il, [il suffit de la placer] dans une catégorie péjorative […]. [Dire] par exemple que c’est du manichéisme, ou de l’arianisme, du pélagianisme, de l’idéalisme, du spinosisme, du panthéisme… »

Schopenhauer aurait vécu à notre époque, il aurait ajouté « islamo-gauchisme » à sa drôle de liste en « isme ». À peine proféré, le qualificatif a pour effet de stopper net tout dialogue. Interrogez-vous sur la loi sur le voile, avancez l’idée que l’« islamisation rampante » de la France n’est peut-être qu’un fantasme, proposez une lecture sociale de l’embrigadement jihadiste… Instantanément, un procès en « islamo-gauchisme » vous sera intenté.

Récemment, Politis, mais aussi Mediapart et même Jean-Luc Mélenchon ont encore fait les frais de cette insulte polie. En réalité, comme nous le rappelons dans ce dossier, cette guerre entre les pseudo-« islamo-gauchistes » et les soi-disant « réalistes » ne date pas d’hier. La voilà violemment réactivée par un air du temps poisseux, où des réactionnaires de droite comme de gauche trouvent dans le terrorisme islamiste la toile de fond idéale pour remuer les peurs et exister médiatiquement. D’urgence, il faut donc que les mauvais polémistes d’aujourd’hui se remettent à réfléchir en se fondant sur des données claires et incontestables. Ayons l’outrecuidance de vouloir les y aider avec ce dossier.

À lire dans ce dossier :

Derrière l’affaire Ramadan, le vrai débat

Le « grand remplacement », un mythe à déconstruire

Patrick Simon : « Défendre la synthèse de la diversité culturelle »

« Islamo-gauchisme » : « Un signe de délabrement du débat »

Le voile, parce qu’elles le veulent bien

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue
Reportage 16 octobre 2025 abonné·es

À Rouen, l’académie refuse de scolariser des mineurs isolés et à la rue

Malgré un droit constitutionnel adoubé par la convention des droits de l’enfant, la scolarisation est une bataille au quotidien pour les jeunes exilés de la plus grande ville de Seine-Maritime. Depuis plusieurs mois, ils luttent face au refus de l’académie de les scolariser.
Par Louis Witter
À l’Assemblée, Sébastien Lecornu dit merci aux socialistes
Analyse 16 octobre 2025 abonné·es

À l’Assemblée, Sébastien Lecornu dit merci aux socialistes

Le premier ministre échappe aux censures. Chez les socialistes, la fronde n’a pas vraiment eu lieu. Et la gauche se retrouve écartelée entre deux pôles. 
Par Lucas Sarafian et June Geffroy
« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement
Luttes sociales 15 octobre 2025 abonné·es

« Plan social déguisé » : 20 salariés d’un sous-traitant d’Amazon contestent leur licenciement

Licenciés pour faute il y a un an, ils ont décidé d’attaquer cette décision auprès des prud’hommes de Marseille, ce mercredi. En cause : le refus d’être mutés à plus de 130 kilomètres de leur lieu travail suite à la perte d’un contrat avec Amazon.
Par Pierre Jequier-Zalc
À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 octobre contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, à Paris, à l’appel du syndicat. Un texte qui exercerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et menacerait la santé et le climat.
Par Vanina Delmas