L’ONF en voie de privatisation

L’avenir de la forêt publique est en suspens depuis plusieurs années. La loi Asap accélère son passage entre les mains des intérêts privés.

Vanina Delmas  • 6 octobre 2020
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L’ONF en voie de privatisation
© Photo : RAYMOND ROIG / AFP

Le statut de fonctionnaire des agents de l’ONF ne sera bientôt plus qu’un vague souvenir. L’article 33 de la loi Asap enclenche une énième réforme en quinze ans de l’Office national des forêts (ONF), et autorise le gouvernement à modifier par ordonnance le code forestier pour encourager le recrutement de salariés de droit privé. Des agents privés auront donc les mêmes pouvoirs que les fonctionnaires afin de réaliser les missions de police administrative et judiciaire que leur donne le Code forestier. « Cette nouvelle mesure vise avant tout un objectif financier en abaissant les coûts de fonctionnement – un fonctionnaire coûtant environ 20% plus qu’un contractuel – au détriment de l’indépendance et de l’expérience des agents de l’ONF », a réagi l’association Canopée. Cette assermentation, aussi fragile soit-elle, permettait aux agent de résister un peu aux pressions permanentes leur demandant de couper toujours plus de bois.

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« Depuis trente ans, le nombre de gardes forestiers assermentés est passé de 9.000 à 3.000 sur l’ensemble des forêts publiques, soit 10% du territoire. L’application en l’état de l’article 33 de la loi Asap permettrait d’en réduire encore fortement le nombre au détriment de la protection des écosystèmes forestiers », s’indignent un collectif d’organisations, dont les syndicats de la filière (CGT Forêt, Snupfen-Solidaire, Unsa, EFA-CGC). Malgré les multiples amendements déposés, l’article a été adopté en l’état. Un pas de géant vers la privatisation générale de la gestion des forêts publiques, qui ne permettra ni une meilleure protection des forêts, ni d’enrayer la descente aux enfers de certains agents : selon les syndicats, 50 gardes forestiers se sont suicidés en dix ans.

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Écologie
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