Piétiner, porter, tirer… Aïcha Hamdoune, 37 ans, éboueuse à la mairie de Paris depuis 2014

« Quand j’écoute mon corps, je me rends compte que j’ai mal partout. »

Hugo Boursier  • 21 juillet 2021
Partager :
Piétiner, porter, tirer… Aïcha Hamdoune, 37 ans, éboueuse à la mairie de Paris depuis 2014
© Adrien Chacon

Hier soir, j’étais chez l’ostéopathe. Il m’a remis sept vertèbres en place. Sept ! Pourtant, on m’avait vendu ce métier comme étant assez calme, pas très bien payé certes, mais sans trop de difficultés. C’est la mère d’une copine de ma fille qui m’en avait parlé. Elle est éboueuse, elle aussi. À l’époque, j’étais manageuse chez KFC. Je portais déjà des cartons de livraison particulièrement lourds. Mais quand j’ai commencé à la mairie de Paris, dans le secteur de Belleville, en 2014, je me suis rendu compte immédiatement de la pénibilité de ce travail. Je ne fais que me baisser, piétiner, porter, tirer. Il y a la répétition des gestes, mais aussi le fait de casser son dos à s’occuper, parfois, d’une dizaine de sacs de quinze kilos, notamment après le marché. Je fais les encombrants aussi. Ce métier, c’est pile ou face. Le lundi : des planches et des casiers légers. Le mardi : des frigos et des armoires. Et avec les voitures qui klaxonnent derrière, on n’a pas le temps d’appliquer les bonnes méthodes. On sait qu’on va se faire insulter, donc on se bousille le dos. Et ce, par n’importe quel temps : le gel, la canicule, la pluie, les vents glacés. Mon bureau, c’est la rue. Quand j’écoute mon corps, je me rends compte que j’ai mal partout. Et je n’ai que 37 ans. Certes, mon quotidien me fait souffrir, mais j’essaie de me convaincre : « Allez Aïcha, tiens bon. Il faut travailler. Tu es une mère de famille. Il faut gérer. »

Société
Publié dans le dossier
Nos corps en bataille
Temps de lecture : 1 minute
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Le 22 novembre, nous ne marcherons ni avec l’extrême droite ni avec les sionistes !
Féminisme 20 novembre 2025

Le 22 novembre, nous ne marcherons ni avec l’extrême droite ni avec les sionistes !

Cette tribune a été rédigée par une inter-organisation féministe antiraciste, anticoloniale, antifasciste composée des collectifs suivants : #NousToutes IDF, Le CLAF, Du Pain et des Roses, Extinction Rebellion France, Feministes révolutionnaires, Jeunes Écologistes IDF, Observatoire des violences dans l’enseignement supérieur, OuTrans, Relève féministe, Revolution féministe Versailles, Tsedek !, Urgence Palestine.
« J’arrêterai ma grève de la faim le jour où j’aurai un titre de séjour »
Entretien 19 novembre 2025

« J’arrêterai ma grève de la faim le jour où j’aurai un titre de séjour »

Nader Ayache, réalisateur tunisien, a entamé depuis le 16 novembre une grève de la faim pour réclamer un titre de séjour. À Politis, il témoigne de la nécessité de « mettre en lumière » son cas, « qui est un cas parmi les 140 000 OQTF délivrées chaque année » par la France.
Par Pauline Migevant
Prix des médicaments : refuser la prise d’otage de l’industrie pharmaceutique !
Sécurité sociale 19 novembre 2025

Prix des médicaments : refuser la prise d’otage de l’industrie pharmaceutique !

En défendant un amendement sur la transparence des prix des médicaments, le député écologiste Hendrik Davi dénonce le chantage de l’industrie pharmaceutique qui brandit la menace de quitter le marché français. Il appelle à restaurer un contrôle démocratique sur des coûts cachés colossaux.
Par Hendrik Davi
L’intelligence artificielle au cœur du contrôle migratoire en Europe
Europe 19 novembre 2025 abonné·es

L’intelligence artificielle au cœur du contrôle migratoire en Europe

En Europe, l’intelligence artificielle s’impose peu à peu dans la gestion des migrations pour prévoir les flux, vérifier un accent, un âge ou détecter une émotion. Un usage non sans danger pour les droits fondamentaux.
Par Julie Kermarrec