Green glamour

Hélène Crié-Wiesner  • 14 juin 2007 abonné·es

Après la nomination de la pointure Juppé comme commandant en chef de l’écologie française, il va falloir ramer pour trouver des informations américaines rivalisant en originalité. Mon espoir réside désormais dans l’irruption d’Al Gore dans la course à l’investiture démocrate. Loin de se calmer, la « goremania » a pris de l’ampleur. Cet hiver, Une vérité qui dérange a été visionné au même moment dans deux mille bars, musées, églises et maisons. Des représentants du Climate Project sillonnent les États-Unis, animant des dîners semi-privés ouverts à des happy few capables de verser une grosse obole pour la cause. Mille Australiens et Américains ont été entraînés à délivrer dans leurs pays respectifs des variations de la conférence initiale du boss.

Tous les médias font le même constat : l’élan écologique populaire actuel va bien au delà de celui des années 1970. Une raison est invoquée : la place des people dans ce combat. « Ce n’est pas juste du chiqué » , assure Live Earth, le site Internet des concerts planétaires du 7 juillet ^2 : « Qu’elles abandonnent leur limousine au profit d’une hybride pour aller aux oscars ou qu’elles tapissent leur maison de panneaux solaires, d’innombrables stars embrassent un mode de vie vert. »

Il semble que ce soit vrai. C’est rassurant car, si l’on se réfère à la théorie d’Hervé Kempf dans Comment les riches détruisent la planète , la force d’entraînement du modèle des riches-et-célèbres est puissante et galvanisante.

J’assiste en direct depuis l’été à une glamourisation ahurissante des thèmes environnementaux. Les magazines de luxe payent les photographes les plus chers du monde pour mettre en scène les vedettes dans des coins menacés de la planète, pour rendre élégants et sexy les entrepreneurs de la bouffe bio, pour faire découvrir au grand public des équipes scientifiques habillées en Calvin Klein. Des tas de sites web aux noms évocateurs ­ Ecorazzi, Green is sexy, Hugg… ­ balancent des liens commerciaux avec des centaines de marques écolos pour la beauté, le confort et l’habitat, le sexe et le sport. Le plus stupéfiant, c’est que tout ce bazar est scruté par les usagers, qui dénoncent la moindre arnaque, le moindre faux pas dans la démarche.

Pour qu’une idée prenne, aux États-Unis, elle doit être positive, attirante, enthousiasmante, fun . Les écolos locaux l’ont compris.

Écologie
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