Reconstruire, dit-il

Michel Soudais  • 4 octobre 2007 abonné·es

Laurent Fabius choisit ses mots. À l’heure où chacun à gauche puise dans le registre lexical du BTP les expressions propres à caractériser la démarche qu’il estime devoir être mise en oeuvre pour relever la gauche de sa défaite, l’ancien Premier ministre ne veut pas se contenter de « ré-no-ver », comme la direction du PS yinvite les socialistes. « L’urgence est à la reconstruction » , a-t-il indiqué, samedi, au terme d’une journée de rencontre et d’échanges de son courant. Ce dernier change d’ailleurs d’appellation. « Rassembler à gauche » devient « Reconstruire la gauche ». La sémantique n’étant pas neutre, le choix de ce verbe sous-entend qu’il y a eu des destructions. A contrario , la rénovation ­ « synonyme de droitisation des idées sur fond de guerre des générations », précise le texte de synthèse adopté lors de cette journée ­ appelle davantage des retouches de surface.

La reconstruction version fabiusienne passe par une « gauche décomplexée » qui ne délaisse plus le terrain économique et social, cesse d’apparaître à la remorque de la droite sur de nombreux sujets comme la sécurité, la nation ou l’immigration, et décline des « propositions concrètes et efficaces, adaptées au monde du capitalisme débridé » . Une gauche qui réaffirme « ses valeurs ­ l’égalité, la solidarité, la liberté, la laïcité, l’internationalisme ­ » et adapte ses propositions : social-écologie, fondée sur de nouvelles régulations ; sanctuarisation de la santé, de l’éducation, du logement, de la protection sociale, de l’énergie et des services publics face à la marchandisation… C’est aussi un PS qui redevient « une instance de débat collectif où les débats de fond priment sur la personnalisation des enjeux » et est « au clair avec sa stratégie d’alliances » .

Laurent Fabius rêve d’un PS « internationaliste, alter-européen, écologiste, paritaire » . Et confie même avoir à l’esprit « un mouvement socialiste et progressiste rassemblant encore plus largement que le PS aujourd’hui les sensibilités de la gauche » . Le congrès de 2008 est encore loin, mais sa préparation est commencée.

Politique
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