La RGPP, vivement critiquée par les 3 inspections générales

Brutale, aveugle, contreproductive : la Révision générale des politiques publiques telle qu’elle a été menée par Sarkozy est violemment remise en cause dans un rapport, rendu mardi 25 septembre au Premier ministre.

Erwan Manac'h  • 27 septembre 2012
Partager :
La RGPP, vivement critiquée par les 3 inspections générales

Les mots sont d’une rare violence pour un rapport officiel. Mercredi 26 septembre, les trois inspections générales (administration, finances et affaires sociales) ont rendu les conclusions de leur mission d’enquête sur la Révision générale des politiques publiques (RGPP), au cœur de l’action de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012. Elles critiquent sans ménagement une réforme brutale, menée sans concertation dans une quête obsessionnelle des économies budgétaires.

Réduction aveugle des financements

Des 503 mesures de la RGPP, on retient surtout le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique, qui a coûté 3% des effectifs (environ 65 000 postes), et les « mutualisations » tous azimuts, qui justifiaient tantôt la fermeture de tribunaux, tantôt la suppression des casernes. En somme, la RGPP a eu «des effets jugés désastreux sur les agents et le service public» .

C’est la principale conclusion du rapport des inspections générales, qui salue l’ambition d’une réflexion de grande ampleur sur les politiques publiques, mais critique vertement la méthode Sarkozy. Elle s’est « révélée inconciliable avec l’ambition initiale » , soulignent les dix experts mandatés par Jean-Marc Ayrault le 6 juillet. « Au final, la RGPP a été mal vécue par de nombreux agents » , notamment du fait que « l’exercice s’est focalisé sur la recherche d’économies rapides » .

L’inventaire est sans appel : « une communication lénifiante et trop technique » , des réformes « insuffisamment préparées » , des « défauts qui ont nui à sa crédibilité » etc.

Et si, estime le rapport, la réforme a eu « un impact financier réel » , celui-ci reste « difficile à évaluer » . 11,9 milliards d’euros d’économies ont été dégagés avec la RGPP, contre un objectif de 12,3 Mds€, selon les chiffres de la direction du budget.

« Absence de concertation »

Les experts regrettent aussi le manque de concertation avec « l’ensemble des acteurs concernés » , des usagers aux syndicats de salariés. En cause, là aussi, « la méthode » , reposant sur « un portage politique fort [et] un processus de décision rapide » animé à marche forcée par l’Élysée et Matignon.

Dans le cadre d’un «Comité interministériel de rénovation de l’action publique» qu’ils proposent de créer, les auteurs du rapport préconisent une remise à plat de la RGPP. Ils suggèrent surtout «en premier lieu d’achever les mesures en cours, sauf exception » et militent pour redonner la parole aux agents de l’État afin d’identifier les économies à réaliser. « L’amélioration de la gestion des ressources humaines» doit devenir «un chantier prioritaire » préconise enfin le rapport.

« Le gouvernement engage une nouvelle politique de modernisation de l’action publique, qui rompt résolument avec la stratégie de court terme et la méthode aveugle de la RGPP » , claironnait Matignon mardi, à la réception de ce rapport. Un séminaire gouvernemental doit notamment être réuni le 1er octobre pour l’élaboration d’une « feuille de route » pour la « modernisation de l’action publique ».

Économie
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »
Entretien 30 octobre 2025

Zucman light : « Bolloré ou Arnault pourraient très bien être exonérés de cet impôt »

Maître de conférences en économie à l’université de Bordeaux et coresponsable du département d’économie de l’Institut La Boétie, Éric Berr pointe la nécessité de la taxe Zucman et les limites de la version allégée par le Parti socialiste.
Par Lucas Sarafian
Taxe Zucman : le périlleux calcul des socialistes
Budget 30 octobre 2025 abonné·es

Taxe Zucman : le périlleux calcul des socialistes

Jouant la carte de la responsabilité, le PS rêve de faire adopter une mesure alternative à la taxe Zucman. Au risque de s’isoler du reste de la gauche et de perdre le rapport de force face au gouvernement.
Par Lucas Sarafian
Budget : « Le PS est en train de commettre une faute politique très grave »
Entretien 22 octobre 2025 abonné·es

Budget : « Le PS est en train de commettre une faute politique très grave »

Depuis lundi matin en commission, Claire Lejeune, députée insoumise de la septième circonscription de l’Essonne débat du volet recettes du projet de loi de finances 2026. Sans réussir à obtenir d’avancées majeures, alors que les débats en séance commencent vendredi.
Par Pierre Jequier-Zalc
À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur
Reportage 15 octobre 2025 abonné·es

À Paris, la Confédération paysanne en première ligne contre le Mercosur

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté le 14 octobre contre le traité de libre-échange UE-Mercosur, à Paris, à l’appel du syndicat. Un texte qui exercerait une concurrence déloyale pour les agriculteurs français et menacerait la santé et le climat.
Par Vanina Delmas