Serrer les rangs

Le Premier ministre appelle à l’unité de la gauche et des écologistes, mais publie le jour même le décret d’ouverture des travaux du Lyon-Turin.

Michel Soudais  • 29 août 2013 abonné·es

Le patron, c’est moi. Tel est le premier message qu’a voulu faire passer Jean-Marc Ayrault à La Rochelle. L’an dernier, le Premier ministre s’était fait discret en ne s’exprimant que devant le Mouvement des jeunes socialistes, le samedi. Cette année, renouant avec une préséance instituée par Lionel Jospin en 1997, il a conclu l’université d’été dans un long discours d’une heure. Sans citer un seul de ses ministres. Il les a en revanche rappelés à l’ordre : « Chaque fois que le débat est mis sur la place publique avant d’être posé entre nous, c’est une faute contre notre collectif. »

Le chef du gouvernement a également critiqué la multiplication des « clubs » et des « mini-clubs » au sein du PS, en appelant les socialistes au rassemblement à l’approche d’un automne difficile, avec une réforme des retraites contestée jusque dans les rangs du parti. Et la gauche à l’unité aux municipales, unité présentée comme un « impératif » pour faire barrage au FN. Si Jean-Marc Ayrault se dit convaincu que « communistes, radicaux, écologistes » et « socialistes » sont « pour l’essentiel d’accord » au niveau local, il s’en est pris à Jean-Luc Mélenchon, l’accusant de « refuse [r] toute évolution et [de] ne cesse [r] d’appeler à une forme de résistance nostalgique ». Soucieux de donner des gages aux écologistes d’EELV, le Premier ministre a confirmé la création prochaine d’une « contribution climat-énergie » annoncée trois jours plus tôt par le ministre de l’Écologie, Philippe Martin. « L’écologie, ce n’est pas un discours pour les campagnes électorales et un grand silence après », a-t-il déclaré. Quelques heures auront suffi à mesurer la sincérité de cette proclamation. Le jour même paraissait au Journal officiel, sous sa signature, un décret déclarant « d’utilité publique » et « urgents les travaux nécessaires à la réalisation de l’itinéraire d’accès au tunnel franco-italien de la liaison ferroviaire Lyon–Turin ». Au grand dam de la Coordination des opposants à ce projet pharaonique évalué à 26,1 milliards en 2012, contre 12 milliards en 2002, qui note, dans un communiqué, que cette signature d’Ayrault est « en contradiction avec ses propres déclarations du 9 juillet et du report annoncé de ce projet par la Commission “Mobilité 21” ».

Politique
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