De la prison ferme pour deux frères d’Adama Traoré

Les frères d’Adama Traoré, mort après son interpellation par les gendarmes en juillet à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise), ont été condamnés à de la prison ferme pour outrages, menaces et violences envers les forces de l’ordre.

AFP  et  Vanina Delmas  • 15 décembre 2016
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De la prison ferme pour deux frères d’Adama Traoré
© CITIZENSIDE / Anthony DEPERRAZ

L’audience aura duré onze heures au tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d’Oise), mercredi 14 décembre. À l’annonce des jugements, c’est une nouvelle déception pour la famille Traoré. Yssoufou Traoré, surnommé Youssouf, est condamné à six mois de prison dont trois avec sursis. Il est ressorti libre de l’audience. Son frère, Bagui Traoré, écope de huit mois ferme, et deux ans d’interdiction de séjour à Beaumont-sur-Oise, où il vit ainsi qu’une partie de la famille. Au total, les deux frères doivent verser plus de 7 000 euros de dédommagement aux parties civiles.

J’ai honte de cette justice, a lâché Assa Traoré, leur sœur. Mes frères ont quand même fait trois semaines de prison et même si Youssouf sort ce soir, il est reconnu coupable.

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Les faits qui leur sont reprochés remontent au 17 novembre, en marge d’un conseil municipal à Beaumont-sur-Oise. Des membres de la famille et des soutiens souhaitaient y assister car l’un des points portait sur la prise en charge par la commune des frais de justice de Nathalie Groux, maire de la ville, qui envisageait de porter plainte contre Assa Traoré. La situation avait dégénéré : insultes, coups, gaz lacrymogène… Et le conseil municipal avait été annulé. Bagui et Youssouf Traoré étaient poursuivis pour outrages et menaces à l’encontre de huit gendarmes et policiers municipaux.

L’avocate de ces derniers a salué une « instruction minutieuse » et a précisé qu’elle souhaitait que « cette décision contribue à ramener la paix sociale ». « Il n’y pas de justice d’exception qui serait vengeresse », a affirmé de son côté le procureur dans son réquisitoire. Quant à Me Bouzrou, l’un des avocat de la famille Traoré, il a qualifié l’enquête conduite par le parquet de Pontoise de « bidon, pourrie, minable ».

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« Cela nous a permis de démontrer un certain nombre de mensonges émanant des forces de l’ordre, une procédure totalement incomplète, beaucoup de carences, a déclaré l’avocat de la famille Traoré, à la sortie du palais de justice. Nous estimions que seule la relaxe s’imposait. Le tribunal en a décidé autrement, c’est la raison pour laquelle nous allons réfléchir à faire appel. »

Police / Justice
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