Traverser les frontières

Jean-Christophe Attias  • 13 janvier 2011 abonné·es

Je ne sais si mon grand-père paternel, que je n’ai pas connu, peut être tenu pour un aventurier. Sans doute pas. Né à Tétouan (Maroc) en 1885, fuyant probablement la pauvreté, il n’en traversa pas moins, bien jeune, tout un océan pour rejoindre Guayaquil (Équateur) dans l’espoir d’y faire fortune. Il s’y enrichit en effet, quoique de manière peu exotique pour un Juif : en vendant du tissu. Deux décennies plus tard, il prenait le bateau dans l’autre sens, rentrait « au pays », y épousait sa nièce, fille de sa sœur, et s’établissait à Mascara (Algérie), où il vécut jusqu’à sa mort, à la veille de l’Indépendance. Tantôt protégé espagnol, tantôt protégé français, mon grand-père paternel, si je crois ce qu’on m’en a dit, était un apatride, un homme sans passeport.

Mon père, fils du précédent, fit, lui, un autre voyage. Né Français, en Algérie, il n’a jamais eu

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Temps de lecture : 5 minutes