Une marche d’ouverture sous le signe indien

Plus de 12 000 personnes ont participé mardi 9 août, dans les rues de Montréal, au défilé d’ouverture du forum social mondial (FSM) ouvert par des représentants des Nations premières.

Patrick Piro  • 12 août 2016
Partager :
Une marche d’ouverture sous le signe indien
© photos Patrick Piro

Un chaud soleil, une ambiance bon enfant, un peu de musique et quelques slogans : le FSM a connu des marches d’ouverture plus débordantes et revendicatives. Mais Montréal n’est pas Porto Alegre. Pas de partis politiques, du Parc La Fontaine à la place des Festivals, les seuls drapeaux rouges sont les étendards de la délégation marocaine (soutenue par le gouvernement). On y invectivera brièvement la douzaine de représentants sahraouis, qui revendiquent encore et toujours l’indépendance de leur territoire sous la coupe de Rabat. Mais là encore, rien à voir avec les échauffourées du FSM de Tunis en 2015.

Toutes les grandes centrales syndicales québécoises sont présentes, aux côtés de groupes très variés — environnementalistes, féministes, groupes de solidarité internationale, défenseurs d’une juste retraite, de l’éducation pour tous et des services publics, paysans de la Via Campesina, groupes altermondialistes de la première heure, aide aux migrants, mouvement pour la paix, soutiens à la cause palestinienne, défenseurs des acquis sociaux du Venezuela de Chávez, membres de mouvements sociaux anti-Temer, qui a pris le pouvoir au Brésil sur un coup d’État parlementaire. Et des représentants des Nations premières, peuples autochtones du Pérou, du Mexique, des États-Unis et bien sûr du Canada, en tête de la manifestation, qui a réuni entre plus 12 000 et 15 000 participants.

Bienvenus à vous sur l’île de la Tortue, territoire non-cédé !

Stewart junior, du clan du Loup, composante de la communauté dite « mohawk » résidant à une demi-heure de Montréal, accueille à la tribune le FSM sur ce cœur économique du Québec planté au milieu du cours du Saint-Laurent, terre à laquelle ses ancêtres n’ont jamais formellement accepté de renoncer depuis l’arrivée des colons européens. « Peuple kanienkehaka, société matrilinéaire », souligne un marcheur : car mohawk, c’est « mangeur d’homme », nom donné par les Algonquins, ennemis héréditaires de cette nation iroquoise, et imposé à la suite par le colonisateur. « Nous vous demandons de vous comporter avec le plus grand respect, non seulement entre vous, mais aussi à l’égard des peuples que vos ancêtres ont bafoué !, poursuit Stewart junior. Et pour réparer ce que vous avez détruit, il n’y a qu’une seule solution : il faut casser la domination masculine et remettre les femmes sur le siège de l’autorité, pour rétablir les équilibres planétaire détruits. » Mettre à bas le patriarcat et le racisme, retrouver le respect et sauver la planète en péril… 9 août, journée internationale des peuples indigène, c’est avec la vision kanienkehaka que vient de s’ouvrir le 12ème forum social mondial.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui
Monde 25 avril 2025

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui

Comment se positionne l’Algérie dans la recomposition du monde ? Comme de nombreux pays européens et africains, avec ses forces et ses faiblesses, l’Algérie cherche sa place.
Par Pablo Pillaud-Vivien
En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »
Reportage 23 avril 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »

Depuis le début de la guerre, les raids de l’armée israélienne s’intensifient dans le nord du territoire occupé. Dans les camps de réfugiés palestiniens de Jénine et Tulkarem, près de 50 000 personnes ont été poussées hors de leurs maisons, sans possibilité de retour. À Naplouse, les habitants craignent de subir le même sort.
Par Louis Witter
« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »
Entretien 23 avril 2025 abonné·es

« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »

Le député communiste de la Knesset Ofer Cassif revient sur l’annexion de la Cisjordanie, le génocide à Gaza et l’évolution de la société israélienne.
Par Louis Witter
L’État binational, une idée juive
Analyse 23 avril 2025 abonné·es

L’État binational, une idée juive

L’idée d’un État commun a été défendue dès 1925, par l’organisation Brit Shalom et par des prestigieux penseurs juifs, avant de s’évanouir au profit d’une solution à deux États. Mais cette dernière piste est devenue « impraticable » au regard de la violente colonisation perpétrée à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés aujourd’hui. Quelle autre solution reste-t-il ?
Par Denis Sieffert