Crédits supprimés (À flux détendu)

Le ministère de la Culture a décidé de diviser par deux la subvention à la Société française d’ethnomusicologie en 2013, pour la réduire purement et simplement à zéro en 2014.

Christophe Kantcheff  • 31 octobre 2013
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Connaissez-vous la Société française d’ethnomusicologie (SFE) ? C’est un endroit précieux où l’on s’intéresse à la richesse des expressions musicales du monde. Une société savante, qui réunit tous les chercheurs francophones en ethnomusicologie, dont le siège se trouve au Musée du quai Branly, à Paris. Ses activités à vocation anthropologique sont multiples, dont la publication d’une revue, les Cahiers d’ethnomusicologie, qui s’intéresse autant au statut d’artiste au Burkina, au Liban ou en Inde, qu’à la relation entre musique et émotions telle qu’elle se décline sur l’ensemble du globe. Bref, la France peut s’enorgueillir de l’existence de telles structures en son sein, qui persistent à élargir les horizons dans un monde dont les frontières pourtant se resserrent.

Mais la France n’en est peut-être pas suffisamment fière. Le ministère de la Culture a en effet décidé de diviser par deux la subvention accordée à la SFE en 2013, celle-ci passant de 20 000 à 10 000 euros, puis de la réduire purement et simplement à zéro en 2014. Depuis 2005, la subvention ministérielle n’a cessé de se voir rognée, mais cette suppression brutale pratiquée en deux ans menace désormais l’existence même de la SFE. Modeste en soi, l’octroi de cette somme permettait à celle-ci d’obtenir d’autres crédits d’organismes divers, universités ou collectivités locales. Comment faire sans cette aide qui s’avère indispensable ? Mais le ministère de la Culture a d’autres soucis. En ces temps de compression budgétaire, il faut trouver des économies. Le discours politique et technocratique – c’est le même – enjolive cela en annonçant que des priorités ont été définies. Las pour la Société française d’ethnomusicologie, elle n’en fait pas partie. Ainsi, de priorités claironnées en discrètes suppressions de crédits, c’est une certaine politique culturelle qui disparaît.

Culture
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